
3 questions à Balthasar Glättli
Les 3 questions d’adressent aujourd’hui à l’Ami de la Nature et Conseiller national zurichois Balthasar Glättli. Il fait partie du comité de l’initiative pour les glaciers qui a été remise le 27 novembre avec 112’000 signatures et que la Fédération AN a soutenue.
Mon neveu est devenu cet automne pères de jumeaux. Il fait partie des 112’000 citoyens qui ont signé l’initiative pour les glaciers. Est-ce que ses deux enfants verront encore le glacier du Rhône quand ils auront 18 ans?
Je ne peux que l’espérer, mais je n’en suis pas sûr. Les glaciers sont là pour nous rappeler ce que nous risquons de perdre si nous ne nous engageons pas davantage en faveur de la protection du climat. Bien plus que l’érosion des Alpes, le changement climatique met en péril notre base existentielle à tous. L’initiative exige par conséquent un abandon progressif des supports énergétiques fossiles afin d’atteindre l’objectif ratifié par la Suisse de l’accord de Paris sur le climat: zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050.
En août, alors que la collecte de signatures pour l’initiative battait son plein, le Conseil fédération a décidé d’adopter des objectifs climatiques plus sévères et tacitement approuvé en cela les revendications de l’initiative pour les glaciers. Le comité maintient cependant son initiative. Pourquoi?
Les mesures plus sévères prises par le Conseil fédéral par rapport au climat sont certes importantes, mais elles ne suffisent pas. D’abord, on ne sait pas si les émissions du trafic aérien international sont prises en compte. Ensuite, l’initiative pour les glaciers n’a pas seulement un objectif précis mais définit le chemin pour y arriver: une voie de réduction au minimum linéaire complétée par un mécanisme de contrôle respectif. Le but en soi ne suffit pas. L’initiative est nécessaire tant que la voie pour atteindre le but n’a pas été déterminée.
Pour beaucoup de nous, les débats sur le changement rapide du climat sont fortement chargés d’émotions: soucis, colère, angoisse, espoir, résignation et retour de l’espoir, envie d’agir… un perpétuel recommencement. Quel est le message que vous souhaiteriez adresser aux responsables politiques?
«Où il y a danger grossit aussi ce qui peut sauver», disait le poète Hölderlin. En tant que société nous pouvons nous développer ensemble et avons besoin pour cela de poser notre système économique fossile démocratiquement sur de nouvelles fondations. Le mouvement en faveur du climat me donne de l’espoir. Les adaptations nécessaires pour une plus grande protection du climat sont possibles à condition que la politique fixe de nouvelles directives pour l’économie et la finance et pour autant qu’elle ne définisse pas la prospérité par une croissance infinie de la société de consommation mais au contraire comme un état de bien-être et de vie décente pour un maximum de gens. Je comprends les préoccupations. C’est sérieux. Mais je voudrais surtout renforcer l’espoir: si nous réussissons à abandonner l’exploitation de l’homme et de la nature, nous vivrons dans un monde nettement plus humain et surtout aussi plus respectueux de la nature.