
4 questions à Roland Hofer
Aujourd’hui, les 4 questions s’adressent à Roland Hofer, collaborateur scientifique à l’Institut de toponymie à l’Université de Berne, qui nous destine dans ce numéro des «Salutations hivernales de la toponymie».
L’Ewigschneehorn (3329 m) est un sommet de l’Oberland bernois qui signifie «pic de la neige éternelle». A l’époque du changement climatique rapide, personne n’oserait sans doute plus donner un tel nom à une montagne. Sait-on de quand date l’appellation Ewigschneehorn?
Le sommet est mentionné sous ce nom pour la première fois en 1795. Le terme plus ancien de Schneewiges Horn est également attesté. Au cours du XIXe siècle, c’est finalement le nom de Ewigschneehorn qui s’est imposé.
Là où paissaient encore récemment des vaches, il y a désormais un chemin des merles dans mon village. Choisit-on aujourd’hui des lieux-dits d’après le principe «comme ça sonne bien»?
Les noms de rues sont de la compétence des communes. Les lieux-dits sont choisis par les instances cantonales, responsables de la mensuration officielle du territoire dans les communes respectives (assistées par des garants connaissant les lieux en question) avant de les soumettre pour contrôle à la commission cantonale de nomenclature. Le principe évoqué est surtout appliqué dans l’appellation de quartiers ou de rues. Lors d’un projet urbanistique dans un quartier, on choisit souvent des noms similaires, par exemple des noms de fleurs (Chemin des Roses), de noms d’oiseaux (Chemin des pies), des noms de montagne (Chemin du Mont-Blanc), etc.
Depuis quand existe-t-il un institut de recherche toponymique à l’Université de Berne? Y a-t-il des instituts similaires à d’autres universités de Suisse?
L’institut de toponymie à l’Université de Berne a été fondé dans les années 1950 par le dialectologue et ethnologue Paul Zinsli. Il est actuellement le seul centre universitaire de toponymie de Suisse.
Vivra-t-on un jour le moment où l’on aura tout exploré sur les anciens lieux-dits de Suisse? Autrement dit: que peut-on attendre de votre travail à l’institut de recherche?
Ce moment n’arrivera probablement jamais étant donné que la recherche est en perpétuelle évolution et du fait qu’il est toujours possible de découvrir des noms dans d’anciens documents qui n’ont encore jamais été cités. Dans un processus d’échange réciproque avec des disciplines voisines (dialectologie, histoire, etc.), l’institut de toponymie représente et élargit les fondements de la toponymie. Hormis sa tâche de conserver des noms qui se perdraient en cas de remaniement parcellaire, l’institut a aussi pour mission de conserver la banque de données de noms du canton de Berne, de l’approvisionner (par exemple en introduisant de nouveaux noms à la suite de la mensuration officielle du territoire) et enfin de la rendre accessible au public et aux chercheurs, par exemple sous forme d’une offre en ligne sur le site de l’institut ou de la publication d’un annuaire toponymique du canton de Berne.