
Partir pour revenir
L’autoroute A13 du San Bernardino et l’agglomération foisonnante de Bellinzone-Arbedo, avec leurs stations service, ronds-points, boutiques et stands de fast-food, sont certes visibles mais elles semblent si loin vues d’ici qu’on est tenté de croire que leur ère n’a jamais vraiment commencé. Voici la situation en haut: on marche sur le versant gauche du Val Calanca de Braggio à Santa Maria – puis plus loin jusqu’à Grono.
Grono, dans le Misox: deux assistances à quatre roues appelées rollatore sont par-quées à côté d’une table dans le jardin du Ristorante Vecchia Bierra. En cette fin d’après-midi, j’attends en face de ce bistro le car postal pour me ramener à Bellinzone après ma visite du monastère de capucins de Santa Maria situé plus haut.
Deux dames sont attablées devant des tasses de café et tiennent des cigarettes entre leurs doigts. Quant aux deux hommes plutôt cor-pulents assis à la même table, ils sirotent un demi de bière. Les masques blancs comme neige pendouillent sous le menton des femmes tandis que les hommes n’en portent pas. C’est en attendant mon car postal que je me suis rendu compte que je n’avais pas rencontré âme qui vive au cours de ma balade de plusieurs heures à travers cet étonnant paysage naturel et culturel.
Une bonne âme
Braggio, dans le Val Calanca: un téléphérique en libre service conduit depuis Arvigo en haut du village. Un dénivelé de pas moins de 400 mètres en quelques minutes. Un dernier regard sur le très vieux pont en arche par-dessus l’in-domptable Calancasca. La petite cabine nous fait grimper de plus en plus haut dans cette vallée en V. A notre droite se trouve le village d’Arvigo où on peut boire un café dans le bistro à côté de la mairie (la disparition progres-sive des bistros du Val Calanca est une vraie tragédie). Vers la gauche, la vue donne sur la carrière des frères Polti: une future trouée qui monte sur le coteau boisé à l’image d’une plaie blanche ouverte. Vues de loin, les manœuvres des machines pelleteuses ressemblent à un jeu d’enfants, alors que leurs roues ont la taille d’un homme. Le gneiss extrait depuis plus d’un siècle est exporté dans le monde – notamment à Bel-linzone! En effet, les CFF y ont eu recours pour installer une nouvelle passerelle piétonnière près de la gare.
Le gneiss, et plus généralement la pierre, sont omniprésents au Val Calanca. Mais la vallée regorge également de richesses d’un autre type: on ne cesse en effet de tomber sur toutes sortes de signes et de symboles religieux, chrétiens, catholiques pour être précis. Eglises, chapelles, sanctuaires, croix – ce qu’est (ou du moins ce qu’était) la culture dominante dans la région, se vérifie à chaque pas. En revanche, personne n’arrive à prédire à quoi ressembleront à l’avenir ces témoins en pierre. A Rossa, ultime village au fond de la…
Vous êtes curieux ? Vous trouverez l’article complet dans l’Ami de la Nature 03/20. Il vous suffit de vous abonner au magazine via notre boutique.