Quel profit d’être élu «Animal de l’année»?
Peut-on voir dans la distinction «Nature de l’année» plus qu’un simple coup de marketing pour la protection des espèces? Il est tout à fait légitime de […]
Peut-on voir dans la distinction «Nature de l’année» plus qu’un simple coup de marketing pour la protection des espèces? Il est tout à fait légitime de se demander ce que la nomination du brochet comme poisson de l’année ou l’élection de la poire à vin suisse comme variété fruitière de l’année sont susceptibles de nous inspirer. Tous deux ont servi d’ambassadeurs pour des organisations dédiées à la préservation de certaines espèces ou variétés. D’ailleurs, même les spéléologues emboîtent le pas: ils viennent en effet de désigner la salamandre tachetée comme «animal cavernicole de l’année 2023».
Au même titre que le changement climatique, la biodiversité constitue elle aussi l’un des mots-clés de notre époque. Pour beaucoup de gens, ce terme désigne le plus grand nombre possible d’espèces animales et végétales différentes, allant des espèces familières du jardin, comme la mésange bleue, aux animaux menacés d’extinction, comme l’ours polaire ou le panda. Pourtant, toutes les espèces (indépendamment de leur degré de menace actuel) ne sont pas dissociables de leur espace vital respectif: si ce dernier est suffisamment présent et offre des conditions de vie favorables, il y a de bonnes chances pour que l’espèce soit préservée. S’il rétrécit peu à peu et qu’il est pollué, la situation devient préoccupante.
Ce qui s’étend sous nos pieds reste le plus souvent caché et inconnu. Ce n’est qu’en procédant au creusement d’excavations, à la construction de tunnels et de galeries ou grâce au travail de spéléologues que nous pouvons accéder à des cavités cachées qui représentent souvent l’habitat d’espèces animales spécialement adaptées. Celles-ci dépendent en grande partie de conditions environnementales qui ne changent pas beaucoup. Les grottes et les galeries servent par ailleurs de refuges et de quartiers d’hiver protégés du gel pour les animaux vivant dans les forêts, les prairies et les eaux des environs.
La salamandre tachetée, élue ambassadrice pour 2023, est un animal de ce type: habitant principalement dans la forêt, elle se retire sous le sol pour déposer ses larves dans les ruisseaux caverneux ou pour se protéger de la déshydratation et du gel. Mesurant jusqu’à 20 centimètres de long, elle est aisément reconnaissable à l’œil nu. Contrairement à d’autres animaux cavernicoles, petits voire minuscules et souvent quasiment incolores. La robe jaune voyante qui sert d’avertisseur à la salamandre la trahit même au milieu des pierres et des feuilles.
Les réglementations juridiques et les conventions internationales relatives à la protection des espèces ne manquent pas. Parallèlement, les nominations ont pour objectif de sensibiliser le public et d’encourager l’engagement des particuliers. Alors que les espèces menacées, comme le lynx bien étudié, étaient souvent des supports de sympathie émotionnellement attachants, on choisit à présent de plus en plus souvent des espèces non menacées qui voient leur habitat disparaître. Lorsqu’il s’agit d’un modèle de premier plan, on ne se contente pas de montrer ses besoins spécifiques, mais on éclaire les relations dans la nature en faisant la promotion de la protection de la diversité biologique en général.
Des histoires et des émotions plutôt qu’un simple appel à la raison? De nombreux sondages confirment que la protection de l’environnement fait partie des problèmes importants de notre époque. C’est certes utile pour les organisations écologiques mais il n’est malheureusement pas rare que la disposition de changer au quotidien se heurte malgré tout à des résistances et des obstacles. Nous avons fait passer le message – la balle est désormais dans votre camp.
Pour en savoir plus sur l’«animal cavernicole de l’année 2023»: cavernicola.ch