Si possible un peu moins
Éviter tout déchet dans la vie quotidienne est une mission quasi impossible. En revanche, il est tout à fait possible de le réduire. Nicole Mertens a fait cette démarche et propose désormais à ses concitoyens de vivre avec moins de déchets.
Tout a commencé par un déchiffrage de caractères minuscules. Avec l’application CodeCheck, qui scanne les codes barres sur les emballages alimentaires et fournit toutes sortes d’informations sur le produit respectif, comme ses valeurs nutritives, ses composants et son écobilan, Nicole Mertens a commencé à se renseigner sur ce qu’elle et son mari Steve mangent tous les jours et ce qu’ils servent à leurs deux enfants alors encore en bas âge. Elle a été horrifiée par ce qu’elle a découvert. Les aliments traités contiennent en effet souvent bien plus que simplement des sucres, graisses et protéines. On trouve parfois toutes sortes d’agents de conservation et d’édulcorants synthétiques, sans parler d’une foule de noms de substances dont le sens n’est manifestement compréhensible qu’à ceux ayant suivi au moins trois ans d’études de chimie.
«Je vais vraiment manger tout ça?», s’est alors demandée non sans un certain dégoût Nicole Mertens. Les substances issues des laboratoires chimiques n’étaient d’ailleurs pas la seule chose qui la dérangeait, les problèmes commençaient par l’emballage encombrant – et en plastique. «Les emballages en plastique de produits alimentaires contiennent toute une série d’agents adoucissants qui se détachent sous l’influence des graisses alimentaires pour pénétrer à l’intérieur des aliments», explique Nicole Mertens, qui a engrangé depuis son «instant d’éveil» beaucoup de connaissances sur le sujet de la production alimentaire. Elle sait donc aussi pertinemment que dans le cadre d’une alimentation moyenne, les gens consomment non seulement beaucoup de composants et d’adoucisseurs synthétiques provenant des emballages en plastique, mais aussi des traces des nombreux pesticides et autres engrais synthétiques que l’agriculture industrielle utilise aujourd’hui pour les fruits et légumes.
S’habituer à de nouveaux goûts
Nicole Mertens explique qu’il lui aura fallu vivre un processus de plusieurs années avant de prendre une décision cruciale et de changer radicalement l’alimentation et la gestion de la famille. En s’occupant par ailleurs d’un magasin bio sans emballage, elle a également renforcé sur le plan professionnel son engagement en faveur d’un autre type d’alimentation et de rapport face aux matériaux d’emballage. Les enfants, désormais en âge scolaire, n’ont d’abord pas été enchantés par le changement de mode d’alimentation. «Ils étaient déjà tellement habitués aux saveurs des produits finis ou semi-finis et à leurs agents de conservation et autres additifs que le goût pur des aliments non traités leur a dans un premier temps paru plutôt déconcertant. Aujourd’hui, c’est l’inverse, plus personne dans la famille n’aime les produits finis souvent trop salés ou trop sucrés», résume Nicole Mertens.
Rien qu’en cuisinant soi-même, en mettant les aliments en bocaux ou en les conservant d’une autre manière, on occasionne déjà sensiblement moins de déchets d’emballages que si on opte pour des produits préparés. Mais les Mertens veulent plus. Economiser davantage encore de matériaux d’emballage. Ils ont peu à peu passé leur ménage au peigne fin pour remplacer les articles jetables par des réutilisables ou non emballés. Bouteilles en verre, boîtes de casse-croûte en inox, coussinets de démaquillage lavables, déodorants et produits de nettoyage faits maison, bouteilles consignées, légumes directement achetés à la ferme, etc. «Nous avons progressé pas à pas, et je conseille d’ailleurs à tous de faire de même s’ils décident de suivre ce chemin. Ne pas se mettre la pression mais juste voir dans un premier temps quels produits jetables pourraient être remplacés par des produits réutilisables. Si on en a envie et si ce n’est pas trop compliqué, certaines tâches peuvent aussi être menées à bien tout seul.»
Tortellini qualité bio
Informaticienne de formation, Nicole Mertens a entrepris pour sa reconversion professionnelle de vastes recherches et passé de longues heures sur internet: «Il y a énormément de lanceurs d’idées et de fournisseurs de produits permettant d’économiser du matériel d’emballage, mais c’est une autre paire de manches de tomber sur les sites pertinents.» C’est précisément pour éviter cette démarche à toute personne souhaitant aller dans la même direction que Nicole et Steve Mertens ont décidé il y a quelques années de lancer une boutique en ligne proposant des produits bio et non emballés qui étaient ensuite exclusivement livrés dans des emballages entièrement recyclables. L’affaire marchant très bien, le couple n’a pas tardé à rendre son assortiment également disponible en magasin. Par chance, la famille habite à Niederbipp, dans le canton de Berne, dans une maison suffisamment spacieuse pour accueillir un véritable magasin dans ce qui était jadis une cave. De surcroît, l’immeuble est situé dans une zone mixte qui autorise de gérer un commerce dans une propriété privée.
Nettoyant universel (contre le calcaire et les salissures)
- 250 ml vaporisateur en verre
- 15 gouttes d’huiles essentielles au choix (p.ex. eucalyptus, citron, lavande).
- 125 ml de vinaigre
- 125 ml d’eau
Crème déodorante
- 20 g d’huile de coco (chauffer sans cuire pour le liquéfier)
- 20 g de bicarbonate de soude
- 20 g de fécule
- 15 gouttes d’huiles essentielles au choix (p.ex. huile d’arbre à thé, lavande, rose)
Baptisé Push N Go, le magasin de produits non emballés initié par les Mertens est une entreprise florissante disposant d’un assortiment très large géré par trois employés. L’enseigne coopère par ailleurs avec diverses fermes des environs et de nombreux autres fournisseurs qui couvrent leurs besoins quotidiens en produits. Tout est laissé à l’état naturel, le plus souvent en vrac, végétarien ou vegan. «Nous proposons par ailleurs des cours qui apprennent par exemple aux participants à confectionner eux-mêmes des produits de nettoyage ou d’hygiène. Il y a aussi régulièrement des dégustations pour que la clientèle ait l’occasion de découvrir et d’essayer de nouveaux aliments sains.»
En plus du magasin et des tâches ménagères, la mère de deux filles s’occupe également de leur scolarisation à domicile. Quel a été l’impact sur son budget et l’emploi du temps de tous ces changements? «Il faut sans doute compter un peu plus de temps pour cuisiner soi-même au lieu de réchauffer des plats déjà prêts. Mais une fois que la routine s’est installée, on utilise à peine plus de temps pour préparer un repas. On mange nous aussi parfois des tortellini – tout de même en qualité bio – quand nous sommes pressés par le temps. Financièrement, en comptabilisant tout, il n’y a aucune différence notable par rapport à avant. Beaucoup de produits bio sont certes plus chers, mais nous achetons moins parce que nous évitons les supermarchés dont la surabondance d’offres pousse les clients à de nombreux achats spontanés inutiles. Autant que possible, pas de déchets alimentaires chez nous, car cela coûte aussi. Gérer un ménage avec un minimum de déchets n’est pas forcément fastidieux pour autant qu’on ait un certain sens pragmatique. Je fais beaucoup de choses avec les enfants, comme mettre des aliments en bocaux. Nous passons ainsi du temps ensemble où ils apprennent des choses sensées qui contribuent à donner un avenir à ce monde qui appartient aux enfants.»