Protéger ensemble le climat et la diversité des espèces
C’est surtout à cause du consumérisme pratiqué dans les pays riches, comme la Suisse, que nous consommons plus de ressources naturelles que notre planète est capable […]
C’est surtout à cause du consumérisme pratiqué dans les pays riches, comme la Suisse, que nous consommons plus de ressources naturelles que notre planète est capable de produire – nous vivons donc à crédit. La Terre nous accorde ce crédit sous forme de ressources naturelles et d’énergies fossiles. Mais ce crédit n’est pas un cadeau généreux de la nature puisque nous devons nous acquitter en retour d’intérêts extrêmement élevés: le changement climatique et le recul de la biodiversité causent de plus en plus de dommages économiques, notre qualité de vie baisse et à long terme, nous mettons en péril la survie de l’humanité.
La perte d’espaces vitaux, et plus particulièrement de ceux destinés à la production alimentaire, est la principale cause du recul de la biodiversité. Elle est en même temps responsable d’environ un cinquième de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Quant au changement climatique, il représente actuellement la troisième principale cause du recul de la biodiversité avant d’en devenir probablement la première d’ici 50 ans. Pour limiter les conséquences du changement climatique, il faut remplacer d’énormes masses d’énergies fossiles par des énergies renouvelables. Si cette transition vient en aide à la biodiversité, elle peut aussi être à l’origine de conflits à propos de la protection de la nature. En effet, hormis les conséquences directes sur les écosystèmes causées par des installations comme les parcs d’éoliennes et les centrales hydrauliques, le passage aux énergies renouvelables nécessite également d’immenses quantités supplémentaires de matières premières, comme le cuivre, le cobalt ou le lithium. L’extraction de ces matières premières provoque souvent d’importants dégâts aux écosystèmes sensibles.
Une transition énergétique aux dépens de la biodiversité n’est pas durable. Les écosystèmes réabsorbent à peu près la moitié des émissions de CO2 provoquées par l’humain. Mais en raison du changement climatique et de la dégradation progressive des écosystèmes, ils sont de moins en moins en mesure d’absorber du CO2 supplémentaire. Si on continue à surexploiter ainsi la nature, rien ne pourra arrêter le changement climatique. Inversement, le recul de la biodiversité ne peut lui non plus être freiné aussi longtemps que le changement climatique ne sera pas jugulé.
Le développement urgemment nécessaire des énergies renouvelables néglige le plus souvent l’adaptation sociale qui va de pair. Si tout le monde tombe d’accord sur le fait que nous consommons trop d’énergie, on continue de faire comme on a toujours fait, comme si de rien n’était. On semble ignorer que la crise liée au climat et à la biodiversité est la conséquence logique d’un mode de vie qui gaspille énormément de ressources. La viabilité écologique de notre planète impose des limites à un système économique reposant sur une consommation sans cesse croissante de ressources.
Soit notre mode de vie protège davantage nos ressources, soit la dette vis-à-vis de la Terre et des futures générations finira par nous dépasser.