L’escalade, une activité idéale pour les vieux os
Le sport est bon pour la santé – même à un âge avancé. L’escalade fait partie des sports qui conviennent aux dispositions physiques spécifiques de la seconde moitié de la vie. Rachel Kernen, instructrice d’escalade, m’a expliqué pourquoi il en était ainsi lors d’une visite au centre d’escalade Gaswerk à Wädenswil.
Nombreuses sont les raisons qui justifient la pratique d’un sport, y compris à un âge avancé. Le Bureau de prévention des accidents (bpa) cite entre autres les raisons suivantes sur son site Internet: davantage de force et un meilleur équilibre, une réactivité optimisée, une plus grande sûreté du pas, davantage d’endurance et une diminution du risque de maladies cardiovasculaires, de surpoids, de diabète, de cancer, de dépressions, de douleurs dorsales, sans oublier une confiance en soi renforcée, une plus grande motivation à entreprendre et une mobilité accrue.
Tomber sans chuter
Le choix de la discipline sportive que l’on souhaite pratiquer à un âge avancé dépend évidemment des préférences individuelles, bien que certaines soient spécialement recommandées. On peut citer la natation, le cyclisme, le ski de fond et, ce qui est sans doute plus surprenant, l’escalade. Pourquoi l’escalade est-elle particulièrement indiquée pour les seniors? «Quand on est encordé, on a le temps pour réfléchir où l’on va placer ses mains et poser ses pieds. Un temps de réaction ralenti ne constitue donc pas un problème en escalade. Une autre caractéristique qui fait de l’escalade une discipline sportive particulièrement bien adaptée aux personnes âgées est qu’elles ne se font pas mal même en tombant de temps en temps. C’est pourquoi, en raison de la nature même du mouvement, les articulations ne sont pas sollicitées outre mesure, mais simplement étirées», explique Rachel Kernen, qui organise depuis quelques années des cours d’escalade pour seniors.
Rachel Kernen
Rachel Kernen est monitrice d’escalade SBV et responsable de cours au centre d’escalade Gaswerk.
En escalade, corps et mental sont pareillement sollicités. Celui qui grimpe sans se concentrer finira tôt ou tard par tomber. Il faut beaucoup de coordination, mais pas forcément de coordination fine – une capacité qui peut se réduire chez certaines personnes en vieillissant. Mais selon Rachel Kernen, l’escalade peut aussi convaincre d’autres groupes d’âge que les seniors grâce à d’autres caractéristiques: «Il n’y a pas de débutants en escalade. Chacun est en mesure de grimper un petit peu, il s’agit en effet d’une méthode naturelle d’exercice. Et c’est une activité qui rend heureux. Même un demi parcours réussi sur une paroi suffit à nous rendre heureux. En plus, on n’est jamais seul, mais toujours au moins à deux. Dans les salles de grimpe, on rencontre beaucoup de monde qui partagent la même passion.»
Rachel Kernen fait partie de l’équipe du centre d’escalade Gaswerk qui compte des sites à Schlieren, Wädenswil et Greifensee où sont notamment régulièrement dispensés des cours d’escalade pour seniors. En quoi les cours destinés aux aînés se différencient-ils de ceux pour les plus jeunes? «Si l’objectif est d’acquérir une première expérience en matière d’escalade, nous n’avons pas l’intention de dépasser dans le cours les notions de base et préférons nous adapter aux aspirations des participants, à leurs aptitudes individuelles et à leurs réserves de force. Il faut même parfois tempérer les ardeurs de certains qui en veulent trop à la fois. Quand on a l’impression d’avoir 50 ans dans la tête, alors que le corps est déjà un peu plus usé, il faut trouver à tête reposée ce qui est faisable et à quel rythme, mais aussi ce qui est bon pour le corps.»
Après la montagne, la salle
Depuis près de 30 ans, Rachel Kernen entraîne, forme et motive d’autres personnes à la pratique de l’escalade. Autant les athlètes de haut niveau que les membres de sa famille. Elle a ainsi transmis son enthousiasme pour l’escalade à sa mère il y a de nombreuses années: «Elle a commencé à grimper à 50 ans et a persévéré jusqu’à 80 ans», témoigne Rachel Kernen. Elle continue bien entendu à grimper elle aussi, puisque, comme elle le dit elle-même, elle a toujours besoin d’être occupée et aime faire bouger les choses. Elle a d’ailleurs suivi son premier cours J+S d’alpinisme à l’adolescence au camp de la Furka avec les Amis de la Nature de la section Züri.
«Pratiquer l’escalade à un âge avancé est surtout conseillé aux personnes qui aiment bouger et pour qui la danse n’est pas une activité», explique Rachel Kernen avec un petit sourire aux lèvres. «De nombreuses personnes qui fréquentent nos cours ont souvent fait de la montagne dans le passé. Une fois qu’elles ne s’y sont plus senties en sécurité, elles se sont tournées vers les salles d’escalade. Elles disposent ici d’un cadre sécurisant où elles peuvent se défouler, s’entraîner, célébrer leurs succès ou encore profiter d’un moment convivial autour d’un café.» Le centre d’escalade Gaswerk accueille également d’anciens pratiquants qui souhaitent renouer avec l’escalade. Celui ou celle qui n’a pas grimpé depuis cinq ans ou qui manque d’expérience en matière de chute se voit recommander un cours de remise à niveau au Gaswerk.