Mondial/local – projets internationaux et tourisme doux
En 1995, le mouvement international des Amis de la Nature a fêté son centenaire. Les Amis de la Nature Suisse se sont également engagés dans des projets transfrontaliers et davantage focalisés sur le tourisme durable.
Pour célébrer son centenaire, l’Internationale des Amis de la Nature (IAN) a lancé en 1995 le projet «100 000 arbres pour l’Europe» – sa première grande campagne pour l’environnement. Le projet a connu un franc succès grâce à l’engagement énergique des Amis de la Nature du monde entier: 362 groupes de toute l’Europe, des États-Unis et du Népal ont planté en tout 157’691 arbres. Treize sections suisses ont également participé à cette action placée sous la devise «Les arbres, c’est la vie» et ont planté ensemble près de 3500 arbres. À elle seule, la section Lotzwil-Madiswil en a installé 850, ce qui lui a valu d’être récompensée par l’IAN. Le projet avait pour but d’attirer l’attention sur le dépérissement des forêts et de donner du poids à la revendication pour une politique environnementale durable en Europe.
Cette coopération transfrontalière de l’IAN n’est pas la seule dans laquelle la Suisse a pu briller. En 1995/96, la désignation comme «Paysage naturel de l’année» a propulsé une région des Alpes suisses sous les feux de la rampe: la région des cols Furka-Grimsel-Susten. La distinction «Paysage naturel de l’année» a été créée en 1989 dans le but d’attirer l’attention internationale sur la menace qui pèse sur des paysages uniques et de promouvoir un développement durable en collaboration avec la population locale. Plusieurs actions ont été menées dans le cadre du projet afin de sensibiliser à la nécessité de préserver cet écosystème fragile dans les Alpes.
Tourisme doux signifie organiser chaque activité de loisirs de la manière la plus respectueuse possible de l’environnement et socialement responsable: par exemple en utilisant les transports publics, en recourant à des produits typiques de la région ou en s’intéressant de près aux particularités propres au pays.
Les Amis de la Nature ont plaidé pour une forme de tourisme plus lente et plus durable, en opposition au tourisme de masse dépersonnalisé. La revendication concrète incluait notamment quatre dimanches sans voiture, l’introduction d’un péage pour accéder aux routes des cols ainsi que le développement des transports publics afin de réduire le trafic de transit et la charge qu’il représente pour l’écosystème local. Avec ce «tourisme doux», les nuitées dans les régions de montagne et la préservation des valeurs régionales devaient elles aussi être encouragées.
En 1995, l’IAN a créé l’«Institut de recherche intégrative sur le tourisme et les loisirs» (IITF). L’objectif de ce département, qui opère aujourd’hui sous le nom de «respect», est de promouvoir un tourisme durable et équitable vis-à-vis de l’environnement et des populations. Ce «tourisme intégratif» exige en plus une dimension économique, soit une intégration du tourisme dans l’économie interconnectée spécifique à la région. Aujourd’hui, on regroupe ces deux notions sous la bannière du «tourisme durable».
Un pas significatif vers la promotion de ce principe a été franchi en 1999 avec le lancement du «Sentier culturel» à travers les Alpes: ce chemin de grande randonnée de 650 kilomètres, qui va du lac Léman au Val Müstair, traverse en 30 étapes les quatre régions linguistiques de la Suisse. Le projet a associé différents partenaires (Amis de la Nature Suisse, Alp Action et l’Association suisse des patrons boulangers-pâtissiers) aux intérêts, idées et traditions différents, mais qui partageaient un objectif commun: conserver et renforcer les structures locales et les traditions régionales. Le chemin de randonnée visait non seulement à faire découvrir la beauté des paysages suisses, mais aussi à permettre de goûter aux cultures locales. Le Sentier culturel des Alpes emprunte des chemins de randonnée existants et est balisé par des panneaux. Ceux-ci ont été installés en 2001 par des bénévoles de plusieurs sections dans le cadre d’une vaste action coordonnée.
Réorientation au sein de la fédération nationale
La nouvelle orientation vers un «tourisme doux» a fini par avoir des répercussions sur les structures internes de la Fédération Suisse des Amis de la Nature (FSAN). Suite à la critique concernant l’écologisation croissante au sein de ses rangs, une nouvelle réorientation a eu lieu en 1995: les Amis de la Nature Suisse voulaient évoluer vers une fédération pour les loisirs et l’environnement où activité, nature et solidarité seraient les éléments porteurs.
En adoptant cette nouvelle ligne, on allait à la rencontre de tous les membres qui s’opposaient à la politisation venue «d’en haut». Ils redoutaient en effet que le siège ne se mette à ignorer la base et réclamaient davantage de droit de parole pour les sections. Leur demande a été entendue: en 1997, sous la présidence de Peter Bernasconi et de son successeur Stephan Frischknecht, une phase de deux ans de réorientation et de restructuration a commencé. Après avoir mené une enquête auprès des sections, un groupe de travail a été constitué pour revoir l’organisation et les structures de la fédération. Cette mise à plat a débouché sur la proposition de dissoudre le comité central et de transférer ses compétences au centre administratif ainsi qu’à l’Assemblée des Délégués.
En 1998, une AD extraordinaire a eu lieu et la nouvelle charte a été adoptée et mise en œuvre. Les statuts ont ensuite été modifiés afin de mettre l’accent sur le «tourisme doux» et le «développement durable».
Sources: Gruber, Herbert: Sentier culturel – Les Alpes suisses d’un bout à l’autre. (1999); Schumacher, Beatrice: 100 ans Amis de la Nature Suisse – en route avec engagement. (2005)